Il vit la folle aventure de la poésie prise aux morsures du vent, laissant le temps s’assoupir seul avant et après la mort. Celle qui vous arrache à l’enfance et à la perception vrai du monde. Et qui engendre en vous le séparé de vous-même, qui portera l’autre celui d’avant la faille, signe de Caïn plus ou moins profond. Symbole d’une discontinuité partielle, qui laisse la parole aux éléments, à l’invisible, aux fleurs, au sentiment diffus qu’il existe autre chose derrière tout ça.
Il a grandi dans une famille de mineurs, dans les Cévennes. Il en a gardé ce sens de l’équilibre précaire, qui donne l’impression d’avoir les pieds sur terre quand on vit en dessous, la profonde empathie des hommes sans parole, et ce courage aveugle, main dans la main. Il les décrit dans Des visages et des voix paru en 1991 (Chez Cadex, puis réédité chez La rumeur libre en 2008) accompagnés des photographies D’Yves Neyrolles
Il a été instituteur et anime des atelier d’écriture depuis plusieurs décennies. Il a confirmé par la psychanalyse l’intuition d’une terre fertile sous la rugosité des bitumes. Il poursuit cette humaine aventure avec des enfants autistes, écrivant avec eux, l’alphabet des oubliés, Qui voudrait m’écouter ?, Le livre de Yanis, La blanche autarcie des douleurs (la rumeur libreédition, 2017), et traversant avec eux les territoires séparant du langage, affrontant leurs démons comme il a affronté les siens. Avec sensibilité et courage, intelligence et humilité, mélancolie et obstination.
Son œuvre, palpitante, intime, terreuse, subtile, écrite dans la préscience d’un inconscient chao, mitraille de douceur et de lucidité, publiée en deux volumes, Œuvres poétiques I & II (éd La rumeur libre, 2012) a été saluée par le grand prix de la Société des Gens De Lettres en 2013.
C’est avec une joie enfantine que nous recevons Patrick Laupin dans Poezz e-chroniK, vendredi 28 mai à midi sur les ondes de Radio Canut.
La force de cette langue, la qualité de son écriture et l’implication quotidienne de l’auteur ne rendent pas la sélection aisée pour l’émission.
Elmone Treppoz, Patrick Laupin et Baptiste Caruana lisent des poèmes issus de ses recueils Le Dernier Avenir (éd. La rumeur libre, 2015, prix Roger Kowalski 2015), Le Bloc de peine (éd La rumeur libre, 2019) et Mon Livre (éd. Le réalgar, 2021), sur la musique envoutante de Grosso Gadgetto (https://grossogadgetto.bandcamp.com/).
Nous terminons par un texte de Patrick, mis en musique et interprété par Thierry Laffite.

Réalisation Dorian Cosnier
Une émission proposée et animée par Baptiste Caruana

Merci à Unlock Records pour l’appui technique