L’insurrection de Lazare Lazarus Des voix des mots de la musique électro

On peut le présenter comme un tailleur de pierre contemplant la matière jusqu’à ce que son identité en ait épousé la forme. S’il accepte d’être au centre de notre attention c’est après en avoir arpenté le territoire et épuisé les contours.
On pourrait dire qu’il appartient au courant poétique PD, qui met en perspective l’architecture de nos villes froides et normées, et la chaleur du désir des corps, dont la nature est trop souvent niée.
La quête d’un endroit propice à la pratique du sexe, parfois caché, parfois exhibé, dessine un itinéraire narratif au GPS à travers nos territoires endormis. Le rythme des habitudes est transcendé par l’aboutissement d’un désir se sachant traqué à l’intérieur et de l’extérieur.
En cela, il symbolise une résurrection de l’instant face aux règles du temps, une transgression des codes par le sens qu’ils oublient, une naissance de l’être au sein même de la rigidité qui l’opprime.
Pour appréhender l’imaginaire de Lazare Lazarus, cette esthétique qui nous accueille, il est conseillé d’observer ses dessins. Derrière des murs hauts et détaillés, calfeutrés sous une végétation dense incontrôlable, des corps de mecs se contorsionnent vers une explosion de salive, d’urine, de foutre et de sang parfois.
Et c’est à l’ombre de ces façades impénétrables et dures, loin des amours universelles ou de la vulgaire rédemption, ayant touché à l’archétype comme à une pierre philosophale, qu’il créée une nouvelle mythologie.
A travers la souffrance et l’exclusion, une lumière intense de plaisir libère. Il ne s’agit pas d’une littérature de guérison mais bien d’une initiation au plaisir qui sublime l’idée même de blessure.
Il provoque sans désir de choquer mais avec l’envie d’accueillir. Je me sens honoré de vous entrainer à ma suite dans cet univers où lyrisme et exaltation botanique se mêlent.
Lazare a également invité David Le Guillermic, Marguerin Lelouvier et Toto El Toto, poètes partageant cette esthétique d’écriture incarnée et transgressive.
Les textes choisis sont interprétés par Baptiste Caruana et mis en musique par Trevor Reveur dont les nappes sonores se font ductiles entre ces mots sculptés.