Vendredi 11 décembre 2020 de midi à 13h sur Radio Canut
C’est un matin d’hiver comme on en fait plus depuis le réchauffement climatique.
Le froid de décembre mord, et les camarades sont bien content de pouvoir parler de la météo pour autre chose qu’une bouteille en plastique fondue sur le sky brulant de la voiture.
Il y a du simili cuir dans le break Peugeot, des spaghetti Panzani, du café lyophilisé, des sweat à capuche... Et au fond d’un télésiège à Courchevel, un homme qui tente de boire une soupe Maggi avec un bol en métal les mains disparues dans des moufles Décathlon, le Thermos à moitié sorti du sac à dos....
Le scénario du quotidien standard propre à chacun, litanie archétypale de marques, inconscient collectif grevé d’images lestant nos chaussures à la terre ferme, bien plus efficacement qu’une quelconque attraction, fut-elle planétaire.
Et ce vendredi à midi nous recevons le prince du quotidien, poète comme on attache sa ceinture, la main agrippée à la plume dans les soubresaut du métro, dans une immédiateté poétique sacerdotale, et en avant, pas le choix.
Après bien des métamorphoses depuis son premier ouvrage publié en 2007 (La rue de la soif, arHens), une douzaine de romans, comme Fast-Food (2018, Buchet-Chastel) ou recueils parus, dont le dernier en date, Un peu plus ample un peu moins moche (2020, Vanloo), Grégoire Damon ne vient pas seulement partager avec nous des mots, mais un regard sur le monde, auquel ils rendent hommage sans se figer jamais.
S’il a des ailes de géants, elle ne l’empêchent pas de marcher, et c’est ce bien judicieux alliage de culture populaire, d’impétuosité du langage et d’un cynisme incarné, qui lui permet de décoller.
Nous lisons des textes de son dernier recueil et d’autres plus anciens ou inédits.
Musique : Trevor Reveur
Voix : Grégoire Damon et Baptiste Caruana
Jingle : Urbain Pase-Attac