L’amour du trac, Pascal Luneau // Poezz e-chroniK

Il se déplace d’un univers à l’autre avec l’aisance des oiseaux marins dans les airs. On parle de cette endurance de l’âme et de cette persévérance du doute qui permettent d’accéder à nos vérités profondes.
Il y a d’abord le piano. A cinq ans. Instrument qui ne le quitte plus. Puis l’écriture. Sa première tentative dont on a conservé la trace fut une nouvelle écrite à l’âge de neuf ans.
Puis il y a le théâtre, avec ce rôle de Marguerite dans Le roi se meurt de Ionesco, joué à douze ans avec les soutiens gorges rembourrés empruntés à une adulte.
Il y a aussi les drames de la vie dont on ne peut imaginer qu’ils ne vous poussent dans l’âge des grands d’un seul coup.
Cette créativité personnelle, notre invité l’a mise de coté pour se mettre au service des autres, comme acteur d’abord, à la compagnie Marcel Maréchal (devenue La criée) à Marseille, comme metteur en scène, puis comme coach d’acteur dans le cinéma et enfin dans la transmission à travers la création en 1988 du studio Pygmalion. Cette école à marqué durablement toute une génération d’acteur.ice.s et beaucoup d’autres humains qui y sont passés. Tout cela sans appliquer une méthode dogmatique mais bien en étant à l’écoute des forces instinctuelles, des expériences et de l’implication de chacun. Il est capable d’inventer un exercice adapté à la réalité de l’instant. Tout en respectant nos terrains émotionnels, il les met en rapport avec les exigences du geste dramatique, plus qu’en nous formatant avec des injonctions supposées du métier. En cela il est un précurseur de l’enseignement de l’art dramatique contemporain en Europe, qui se rapproche davantage des enseignements de Stanislavski en Russie et de Kazan et Adler aux Etats-Unis, que de l’enseignement classique français encore largement dominant à Paris, à la fin des années 80.
J’entends déjà les commentaires, interrogeant la réalité d’un tel processus. « S’il avait autant réussi que ça pourquoi abandonner une telle carrière pour écrire ? »
Question absurde. C’est parce qu’il a connu les doutes de l’artiste, les affres de la création, cette angoisse perpétuelle de ce qui va sortir de nous et se confronter au réel, qu’il les comprends et les conseille aussi justement.
Ces expériences ont nourri sa création, jusqu’à cette grande décision de s’y consacrer pleinement, de ne plus mettre de coté cette voix qui résonne en lui depuis si longtemps.
Sa profonde humilité de suivre ce que la vie propose et son envie d’apprendre l’ont poussé à mettre les créations des autres en avant et le mènent aujourd’hui à la publication des ses propres écrits.
Un hasard de plus, ces retrouvailles avec un membre de sa famille éloignée, imprimeur qui devient pour lui éditeur, qui lui font passer le Rubicon d’exposer ses écrits ?
Car s’il comprend profondément les artistes, il ne conçoit pas cette vocation sans le pari de la présomption que ses paroles intéressent. A l’instant où il pose sa plume pour s’adresser au monde, dès ce premier pas que l’on fait sur scène pour servir l’univers d’un auteur ou d’une autrice, on prétend que s’accaparer l’attention des autres est légitime.
C’est avec cette énergie que nous recevons Pascal Luneau dans Poezz e-chroniK, Vendredi 10 juin à midi.

Nous lisons des extraits de son Livre L’amour du trac (Ed. imprimerie du Cercle, 2021), des poèmes, issus de son recueil, Les mots des bord de mer, dont nous avions lu des passages dans une précédente émission et des textes inédits.
L’amour du trac est un essai en trois parties, reposant sur des notes personnelles autour de son activité de coach, des retours d’anciens élèves et un dialogue imaginé avec une comédienne autour de son parcours. Il s’adresse aux comédiens professionnels mais aussi aux personnes qui se posent simplement des questions. La finesse de son rapport au monde se réduirait si on la qualifiait d’uniquement psychologique.
Musicien, auteur, metteur en scène, homme de radio, réalisateur et désormais auteur, Pascal nous fait l’immense joie de partager avec nous ses compositions. Elles accompagnent cette trop courte heure passée ensemble.
Et puisqu’un bonheur ne vient jamais seul, Lucille Depraz vient prêter sa voix à ses textes.

Baptiste Caruana

Cette émission est réalisée en direct. Pascal Luneau intervient en duplex.

P.-S.

Si vous souhaitez acquérir un ou plusieurs exemplaires de ses livres
- Les mots des bords de mer
- L’amour du trac
- The Lord Palace Hotel
(son dernier roman paru en mai 2022)
Veuillez vous adresser à l’imprimerie du cercle imp.cercle@wanadoo.fr