Il noircit des carnets depuis l’enfance, des pensées qui interrogent le monde, et qu’il garde pour lui.

Il a beaucoup lu, réfléchi, avant d’écrire pour le théâtre où il a pris l’habitude de briller.

Par un hasard curieux, une des premières pièces qu’il ait écrite a trouvé son public sur les ondes, objet radiophonique enregistré et mis en voix pour France Culture par Jean Couturier en 2000.

Son travail d’écriture a été grandement influencé par son parcours d’acteur puis de metteur en scène.

On sent en le lisant avec les yeux, une stimulation impérieuse de la voix qui nous pousse à dire ses mots. C’est normal, il a ses acteurs en tête pendant l’écriture et il sait qu’ils ne lui refuseront pas l’expérience qu’il leur offre. Le lien entre l’écrit et l’oral est un vécu qui se prolonge sur scène.

Si vous avez la chance d’assister à des séances de travail avec ses acteurs, attendez-vous à être surpris. Il crée une communauté où chacun peut trouver sa place, c’est-à-dire travailler ce qui le rendra meilleur acteur. Et pourquoi pas meilleur humain ? Son humilité interdit de poser une telle question. Et pourtant... Il recrée pour eux un écosystème social, totalement fictif, où l’amusement et la légèreté sont la règle et duquel il peut décider de vous isoler s’il juge le moment propre à révéler le personnage. Il propose alors une séance de travail dont il sait qu’il sortira quelque chose.

Mais cet écosystème étant éphémère, il permet à chacun.e de s’en éloigner pour retrouver son intimité. Cet équilibre entre une communauté autarcique et une grande liberté individuelle permet d’allier un exercice artistique radical dans son objet -atteindre une intensité dramatique spectaculaire- avec le respect des individualités.

On a parfois l’impression des montagnes russes entre une exigence artistique traditionnelle, qui peut évoquer Molière ou Racine, et les questions sociales contemporaines qui sous-tendent souvent les rapports entre les personnages dans ses mises en scène.

Et ce ne sont pas les montagnes, mais un paysage vallonné et la tradition théâtrale qui sont les causes de la venue de notre invité dans l’émission, lundi 18 juillet à 20h, sur la plus rebelle des radios du monde.

En effet, depuis quelques années au mois d’août, il organise avec la compagnie du Grand Frêne le P’tiot festival en pays Morvandiou. Les textes choisis sont abordés de façons contemporaines et permettent au public local de voir du théâtre, du vrai, celui qui explose en mille particules dans les douches de lumière, fait de contacts physiques chorégraphiés et d’énergie psychique. Celui dont, à chacune de ses productions, on devine le mantra « Jouer pour le spectateur parfait ». Et qui se joue ici dans la fraîcheur d’un village : Saint-Germain de Modéon. Il y met en scène Le lait de Marie, texte profond et brillant autour de l’histoire des nourricières locales au 19ème siècle et dont il est l’auteur. On a pu voir récemment à Saulieu son Pompon au sujet de la vie du sculpteur.

C’est avec un plaisir non dissimulé que nous recevons Jérôme Robart dans Poezz e-chroniK.

Nous lisons des extraits de ses pièces, avec Lucille Depraz et Pierre-Loup Biessy, et nous parlons du P’tiot Festival qui a lieu cette année du 12 au 21 août.

Baptiste Caruana

Illustration empruntée à Camille Corot, Champ de blé dans le Morvan, 1842, coll. MBA Lyon